Le Projet « Living Cities Canada » : des leçons tirées d’un forum virtuel pancanadien

Comment les villes du Canada peuvent-elles favoriser des infrastructures vertes (IVs) équitables, abondantes et florissantes ?

Voilà le défi que « Green Communities Canada (GCC) », membre du réseau Nos eaux vitales (NEV), relève avec son projet “. Living Cities Canada : Green For All  (en anglais). Ce projet est né du travail collaboratif de la Communauté de pratique des infrastructures vertes, une une équipe de NEVet est maintenant soutenu par « Green Infrastructure Ontario » ainsi que par des chercheurs et chercheuses de l’Université de Toronto. Il vise à faire progresser l’implémentation des IVs équitables, abondantes et florissantes en :

  1. renforçant les capacités, les actions et l’appui des municipalités en faveur des IVs ;
  2. sensibilisant les citoyen·ne·s et favorisant l’appui et les actions du public en faveur des IVs.

Le projet est actuellement mis à l’essai dans cinq municipalités du Canada, et l’équipe prévoit de l’étendre pour inclure d’autres villes dans les années à venir.

Petit aparté :Qu’est-ce que les IVs et qu’est-ce qu’elles ont à voir avec?« toutes les eaux en bonne santé d’ici 2030 » ??”

Pour qu’on soit toutes et tous sur la même longueur d’onde, voici un aperçu des IVs et de leurs avantages. Les IVs incluent les actifs qui dépendent de la nature ou des processus naturels pour fournir des services tels que la gestion par bassin versant, les loisirs, etc. Étant donné que les écosystèmes naturels tels que les milieux humides et les forêts nous fournissent également de nombreux services, ils sont également considérés comme des IVs.

Contrairement aux infrastructures « grises » traditionnelles (routes, égouts pluviaux, usine de traitement des eaux, etc.) qui sont construites pour offrir un service unique, les IVs offrent une gamme d’avantages à nos communautés (humaines et non humaines). Ces avantages comprennent la résilience aux changements climatiques, le soutien à la biodiversité urbaine, l’amélioration de la santé des résident·e·s, et plus encore.

Les IVs représentent aussi un morceau essentiel au casse-tête de la protection de l’eau.. C’est pourquoi le réseau NEV inclut les l’infrastructure verte (en anglais) comme mesure d’impact dans notre système de mesure partagé, contribuant ainsi à notre objectif ambitieux de toutes les eaux en bonne santé..

Co-créer la voie (perméable) à suivre

Les avantages des IVs sont bien documentés depuis des années. Cependant, ces connaissances ne sont pas appliquées en pratique dans la vaste majorité des municipalités où les infrastructures « grises » sont favorisées par défaut. Lorsque des IVs sont en place, elles sont souvent fragmentaires et déconnectées des stratégies plus larges d’aménagement du territoire.

Le projet « Living Cities Canada : Green For All » envisage un Canada où les IVs sont « la nouvelle norme » :

  • où les IVs sont abondantes dans les communautés à travers le pays ;
  • où les IVs sont en plein essor, offrant toute une gamme d’avantages aux citoyens ;
  • où les IVs sont équitables, étant intégrées prioritairement dans les quartiers les plus défavorisés du point de vue social et environnemental.

À la fin du mois de mars, l’équipe du projet « Living Cities Canada » a organisé un forum réunissant des dizaines de praticien·nes, de défenseur·e·s, de chercheurs et chercheuses, de consultant·e·s et d’organisateurs et organisatrices communautaires du domaine des IVs au Canada pour discuter de la façon dont on peut travailler ensemble pour atteindre ces objectifs. Les thèmes suivants sont ressortis des discussions :

  1. L’équité et la justice environnementale. Les quartiers à faible revenu et les quartiers principalement habités par des personnes autochtones, noires et de couleur bénéficient généralement de moins d’espaces verts. Les étapes importantes pour résoudre ce problème comprennent : la cartographie des IVs par rapport aux facteurs socio-économiques afin d’identifier les secteurs prioritaires pour de nouveaux projets ; la concertation avec les résident·e·s pour co-concevoir ces nouveaux projets d’IVs ; la vigilance pour s’assurer que ces projets d’IVs n’entraînent pas un « embourgeoisement vert ».
  2. L’entretien, le suivi et l’évaluation. De nombreuses municipalités ne disposent pas d’un budget adéquat pour bien entretenir les IVs ou surveiller leur rendement. Les partenariats avec des groupes communautaires et universitaires offrent des solutions potentielles pour veiller à l’exécution de ces suivis. La création de plans d’entretien et d’évaluation sur cinq à 10 ans constitue une approche stratégique.
  3. Un financement adéquat. Il est essentiel d’identifier une source de revenus pour financer adéquatement la mise en œuvre des IVs, en utilisant, par exemple, les redevances municipales pour la gestion des eaux pluviales. Les modèles de gestion des IVs doivent identifier des sources pour générer de nouveaux revenus et des moyens pour mobiliser stratégiquement les fonds existants. Cela peut se faire en mettant en valeur les atouts naturels grâce à la gestion des actifs du capital naturel.
  4. La participation des collectivités. Contrairement aux infrastructures « grises », les IVs offrent une approche décentralisée à mettre en œuvre à grande échelle dans le paysage. Pour en assurer le succès, les groupes communautaires doivent jouer un rôle important dans la transformation du « gris au vert ». ll est donc important de renforcer la confiance des collectivités car les organismes communautaires peuvent notamment servir de bons intermédiaires entre les instances municipales et la population.
  5. La formation et l’éducation. Les gens ont besoin de formation pour guider les différents volets relatifs aux IVs, que ce soit au plan opérationnel (p. ex., l’entretien) ou en lien avec les politiques et la planification. Investir dans la formation et les compétences du personnel dans les domaines liés aux IVs favorisera la réussite de la mise en œuvre des IVs au sein des municipalités et de leurs partenaires.
  6. Les IVs et les relations équitables. Les IVs placent les humains et les services qu’on tire de la nature au centre d’un cadre de référence hiérarchique et colonial. Cela ne correspond pas aux peuples et aux perspectives autochtones, ce qui peut les éloigner du travail lié aux IVs. Cependant, la restauration des zones urbanisées avec des arbres et des plantes indigènes peut également servir à faire progresser les relations équitables, car on réconcilie nos relations avec la terre ainsi qu’avec les peuples autochtones. Il est essentiel de remédier à cette tension et de travailler avec les peuples autochtones de manière adéquate et authentique.
  7. Harmoniser les pratiques de gouvernance. Les IVs nécessitent une stratégie différente des infrastructures « grises » traditionnelles ; la planification et la mise en œuvre exigent une concertation entre plusieurs acteurs de différents niveaux. Cela signifie qu’il faut aligner les communications et les opérations internes entre les départements des instances municipales, et établir des partenariats avec les instances municipales, provinciales et fédérales, les agences gouvernementales, la société civile et les acteurs du secteur privé.
Consultez le rapport complet et les présentations du forum virtuel ici.

L’équipe de « Living Cities Canada » s’efforce d’intégrer les commentaires des participant·e·s du forum ainsi que les idées générées par des recherches approfondies dans son prochain « Cadre pour des villes vivantes (A Framework For Living Cities) » — un document que détaillera les stratégies, les meilleures pratiques et les considérations pour favoriser l’équité, l’abondance et l’épanouissement des IVs. Ensuite, l’équipe travaillera avec chacune des cinq municipalités pilotes pour élaborer une marche à suivre particulière à chaque communauté souhaitant devenir une « ville vivante ».

Vous pouvez suivre l’évolution de ce projet ici!
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