Garde-rivière des Outaouais est une organisation membre de NEV qui joue le rôle de « défenseur et de porte-parole du bassin versant de la rivière des Outaouais ». Cette histoire, rédigée par Matthew Brocklehurst (gestionnaire des communications) et Larissa Holman (directrice, sciences et politiques), présente le plaidoyer de l’organisation en matière d’eau douce sur un enjeu spécifique.
Les déchets nucléaires représentent un défi unique pour la politique et la protection de l’eau douce. Il s’agit non seulement d’une menace puissante pour la santé des écosystèmes, des bassins versants et des communautés humaines, mais aussi d’un enjeu profondément complexe. Des connaissances techniques sont nécessaires et plusieurs instances administratives se chevauchent. Il ne faut pas une réglementation laxiste ou floue.
Pourtant, la politique du Canada en matière de gestion des déchets radioactifs fait cruellement défaut. Il existe une politique sur le stockage permanent des déchets de combustible usé, mais présentement une majeure partie se trouve en stockage temporaire. Plus important encore, la plupart des déchets radioactifs non combustibles ne font l’objet d’aucun plan de stockage permanent. Cela laisse une lacune réglementaire problématique, dont Garde-rivière des Outaouais s’est rendu compte après avoir travaillé sur la question des déchets nucléaires à Chalk River depuis 2006 dans le cadre du Conseil de gérance de l’environnement du site.
Après s’être efforcés de comprendre les répercussions de cette absence de politique en matière de déchets radioactifs, Garde-rivière des Outaouais et d’autres groupes de défense ont entrepris d’attirer l’attention sur la façon dont ces déchets étaient gérés. En novembre 2020, Ressources naturelles Canada a lancé un examen de la politique actuelle à la suite de ces efforts. L’examen comprenait une longue période de consultation, au cours de laquelle Garde-rivière des Outaouais a officiellement soumis 15 recommandations pour une politique beaucoup plus rigoureuse en matière de déchets nucléaires au Canada.
L’ébauche de la politique que Ressources naturelles Canada a produite a été profondément décevante jusqu’à présent. Les recommandations de nombreuses et nombreux participant·e·s au processus d’engagement, y compris Garde-rivière des Outaouais, visaient une plus grande clarté et la mise en place de règles et politiques définitives pour gérer ces déchets. Par opposition l’ébauche de la Politique canadienne en matière de gestion des déchets radioactifs et de déclassement qui a été publiée en février 2022, ne présente pas de définition claire, est extrêmement vague et semble impossible à appliquer. À certains endroits, l’ébauche semble contredire de façon flagrante les opinions des Canadien·ne·s qui s’intéressent à cet enjeu, dont les opinions sont évidentes dans le rapport final public sur le processus d’engagement. En l’absence d’objectif, d’échéancier ou de proposition clairs sur la manière dont la transparence, la consultation et la surveillance seront effectuées, Garde-rivière des Outaouais se demande comment cette ébauche de politique apportera la clarté que les gens recherchent et que les organismes de réglementation exigent.
Pourquoi les groupes de défense de l’eau devraient-ils s’impliquer ? La réponse devrait être évidente. Il suffit de regarder le développement de l’installation de Chalk River. Non seulement une installation d’élimination des déchets a été proposée à quelques centaines de mètres de la rivière des Outaouais et en amont de la capitale nationale, mais l’absence de réglementation pour un tel projet signifie que le promoteur est largement responsable de l’élaboration des seuils et des activités de surveillance qui encadreront ce site. Une politique plus robuste destinée à protéger contre les impacts des déchets nucléaires fournirait aux organismes de réglementation un cadre plus clair pour superviser des projets tels que celui-ci et ajouterait les protections nécessaires pour les milieux d’eau douce.
Les projets existants ne sont qu’un début ; la question ne fera que s’aggraver avec le temps. Des signaux clairs montrent que le gouvernement fédéral considère l’énergie nucléaire comme un moyen de lutter contre les changements climatiques. La dernière tendance concerne les petits réacteurs modulaires et les microréacteurs modulaires ; il s’agit d’installations nucléaires à plus petite échelle, entièrement fonctionnelles, conçues pour des petites communautés éloignées afin de fournir une énergie sans émission. Cependant, ces installations produisent toujours des déchets radioactifs, et ces déchets doivent être gérés adéquatement.
Le Canada a besoin d’une politique de gestion des déchets radioactifs plus solide. Alors que le monde continue de faire face au problème des déchets nucléaires, il existe une occasion de rattraper le retard par rapport aux autres nations, et même d’ouvrir la voie à un avenir sain pour nos lacs, nos rivières et les communautés qui en dépendent.
Pour de plus amples renseignements sur les activités de défense de Garde-rivière des Outaouais, veuillez contacter l’organisation par courriel.