Le cœur du défi : « Les personne jeunes sont invitées à rejoindre un espace, mais restent encore souvent en silo. » – Henry Pitts, coprésident du Parlement nord-américain de la jeunesse pour l’eau
Le cœur de la solution : « Faire confiance aux jeunes et les doter d’outils pour réussir. » – Nina Bianchi, chargée de projet, Secrétariat international de l’eau
Plus tôt cette année, j’ai échangé sur la manière dont la communauté de l’eau peut soutenir les jeunes avec quatre leaders inspirant·e·s du Parlement nord-américain de la jeunesse pour l’eau (PNAJE) (en anglais), et du Secrétariat international de l’eau (SIE). Le PNAJE œuvre à « connecter les jeunes leaders [âgé·e·s de 18 à 35] à des opportunités significatives leur permettant d’influencer les politiques de l’eau et de développer les compétences ainsi que le mentorat des jeunes », tandis que le SIE « [rassemble] les citoyens et les organisations engagés et actifs pour la cause de l’eau ». Le SIE soutient et catalyse le réseau du Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau, dont fait partie le PNAJE.
« Je suis originaire de la Suisse et j’ai participé au Parlement européen de la jeunesse pour l’eau en Arménie lorsque j’étais adolescente. Par la suite, je suis restée impliquée dans ce réseau, puis j’ai fini par obtenir mon poste actuel à Montréal au sein du SIE. »

« Je suis originaire d’Italie et je me suis intéressé à l’eau en raison d’un référendum contre la privatisation de l’eau dans mon pays. Avec ce bagage, ainsi que mon intérêt pour la mobilisation des jeunes, j’ai naturellement été amené à intégrer mon programme de doctorat en droit à McGill et à rejoindre le PNAJE. »

« Je suis originaire de l’Alabama aux États-Unis où j’ai terminé mon diplôme en sciences de l’environnement juste après la COVID. J’ai grandi entouré de scientifiques spécialistes de l’eau, et lors d’une année transitoire, j’ai rencontré l’une des cofondatrices du PNAJE, ancienne étudiante de l’Oregon State Univrsity. Cela m’a conduit à mes études doctorales actuelles sur les eaux sacrées et spirituelles, ainsi qu’à mon rôle de co-président du PNAJE. »

« Je suis originaire de Toronto, mais j’ai grandi à New York. Je suis retournée à Toronto pour obtenir un baccalauréat en sciences de l’environnement, suivi d’un doctorat en écologie et biologie évolutive. J’ai grandi en passant beaucoup de temps près des rivières et des lacs du nord-est de l’Amérique du Nord, et ces expériences m’ont motivée à me consacrer à la recherche scientifique sur la conservation de la biodiversité en eau douce. J’ai été particulièrement attirée par le PNAJE en raison 1) de mes expériences à la fois au Canada et aux États-Unis et 2) de l'importance de comprendre et de participer à la gouvernance pour la conservation. »

Bien que les organisations de la communauté de l’eau incluent souvent les jeunes leaders au cœur de leurs initiatives, elles ne veillent pas toujours à ce que cet engagement débouche sur une action, ce qui peut conduire les jeunes à se sentir démuni·e·s. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe de nombreuses façons de changer cette situation et de faire confiance aux jeunes leaders.
Voici quelques pièges dans lesquels tombent souvent les organisations (en italique), accompagnés de solutions (en gras), suivis d’exemples :
- Créer un espace dédié aux jeunes sans réciprocité
Offrir des avantages pour la participation des jeunes – Les Initiatives jeunesse sur l’eau et le climat en Europe proposent des ateliers, du mentorat, un soutien pour les stages, une communauté de pratique et un programme d’études en ligne pour les jeunes participant·e·s. Il existe même un guide (en anglais) publié pour permettre aux organisations de comprendre comment elles peuvent bénéficier de l’association des jeunes avec des mentors professionnels dans le cadre de leurs propres initiatives.
2. Créer des opportunités sans valoriser le leadership intellectuel des jeunes
Mettre en valeur l’expertise professionnelle des jeunes – Le PNAJE est un partenaire organisateur du Columbia River Symposium, (en anglais), durant lequel des jeunes leaders ont participé en 2024 à des panels correspondant à leur expertise professionnelle. Cela a permis d’apporter des nouvelles perspectives diversifiées sur une large gamme de sujets. De plus, cet événement a mis en lumière des personnes issues de la jeunesse dans le rôle de rapporteurs spéciaux – restez à l’affût de leur rapport final!
3. Engager les jeunes sans viser à leur accorder de l’influence
Favoriser une inclusion à long terme – Le Benton Soil and Water Conservation District (en anglais) en Oregon aux États-Unis dispose d’un programme où des étudiant·e·s siègent au conseil d’administration pour apprendre comment fonctionne la gouvernance, établissant ainsi des relations de confiance à long terme. Il incombe aux organisations de s’assurer que l’engagement des jeunes soit plus qu’un simple jeu de cases à cocher ou de « youthwashing » (l’instrumentalisation de la jeunesse) et qu’il intègre réellement leurs opinions tout en soutenant leur apprentissage.
4. Atteindre uniquement les jeunes ayant le plus grand accès aux ressources
Recrutement proactif d’un échantillon diversifié de jeunes – Le projet Préserver la biodiversité d’Akwesasne a travaillé en étroite collaboration avec le Conseil mohawk d’Akwesasne pour recruter des Akwesasronon (jeunes d’Akwesasne) afin de participer à des séances de formation et des dialogues. Pour recruter un groupe représentatif et diversifié de jeunes, il est essentiel de tisser des liens avec des organisations communautaires qui sont en contact avec des jeunes de la région et de fournir des ressources pour soutenir leur participation.
5. Proposer des opportunités manquant de transparence
Transparence sur la rémunération – Les ressources pour soutenir financièrement l’implication des jeunes peuvent être limitées, mais même avec des petits budgets, il est possible de faire une grande différence. Le SIE offre des mini-subventions flexibles à ses chapitres du Parlement mondial de la jeunesse pour l’eau afin de soutenir leurs activités (action locale, plaidoyer, dialogue entre les jeunes), en associant le financement à des conseils sur la création de budgets, la planification et l’établissement d’objectifs. Le retour sur investissement pour le SIE est considérable et les jeunes bénéficient des apprentissages pour diriger leurs propres événements. Même en l’absence de financement, il est important d’instaurer la confiance en faisant preuve de transparence.
Le SIE et le PNAJE disposent tous deux de réseaux de jeunes très étendus et sont désireux d’engager le dialogue au sein de la communauté de l’eau. Si votre organisation souhaite en savoir plus sur ces réseaux, consultez la Stratégie jeunesse 2024-2030 du SIE et la page pour les Partenaires (en anglais) du PNAJE.
À propos de Rebekah Kipp
Responsable des communications pour le réseau Nos eaux vitales : mère, championne de l’eau douce, amatrice des balades à la plage et adepte de l’origami