Le réseau Nos eaux vitales intègre l’art à ses événements virtuels en invitant des artistes à participer à certaines de nos rencontres des membres. À travers cet axe, qu’on appelle « l’Art de l’eau », on a pour objectifs : la mise en valeur des catalyseurs efficaces de changements ; la reconnaissance du caractère sacré de l’eau ; et le recentrage sur les relations saines et équitables avec les Autochtones et les eaux du Canada.
La pratique artistique interdisciplinaire et intergénérationnelle de Betty Carpick est façonnée par ses ascendances crie et d’Europe orientale et les expériences vécues par sa famille, qui a été témoin de la dévastation permanente des bassins hydrographiques dans le nord du Manitoba. Sa pratique, entrelacée avec la nature, amplifie les manières dont l’art peut servir de pont pour soutenir des conversations sur la protection de l’eau et de la planète vivante.
Betty a partagé une de ses œuvres avec nous lors de la rencontre des membres de NEV le 29 juin. Les participant·e·s ne savaient rien de l’image avant de l’analyser en petits groupes. Betty nous a demandé de réfléchir à la manière dont cette œuvre d’art pouvait influencer notre relation avec l’eau et de deviner ce qu’elle utilisait pour fabriquer les matériaux d’art. A-t-elle utilisé du café, de la boue… de la terre ?!
Voici l’histoire de Betty à propos de l’œuvre. (Note : j’ai édité le texte pour adapter la longueur et la clarté au format écrit, mais j’ai préservé l’essentiel des mots prononcés par Betty.)
“« Dans ma pratique, je me concentre sur la façon dont j’utilise les matériaux et je les cueille. Je me déplace à pied et à vélo, donc mon cercle de cueillette, assez restreint, et ma relation avec l’eau sont intimement liés. J’ai fabriqué des encres vivantes à base de plantes pour ce travail particulier qui représente Gichigamiing (le lac Supérieur).. I think the shape of Gichigamiing is a kind of living embodiment. Je pense que la forme de Gichigamiing est une sorte d’incarnation vivante. [En passant, Betty s’inspire de la représentation de Gichigamiing de plusieurs manières ; elle a même produit. un timbre-poste du lac pour inspirer les gens à parler au nom du lac.]
L’eau est présente dans chacune des quatre encres :
La première encre contient du Chagaun champignon qui pousse sur les bouleaux. La forêt dépend du chaga pour prospérer. Cette encre a été fabriquée avec de l’eau de Gichigamiing (lac Supérieur).
La deuxième encre a été fabriquée à partir de bleuets il y a deux ans. L’année 2021 a été si sèche à cause du dôme de chaleur que les bleuets habituellement abondants se sont faits rares. J’ai fait cette encre avec de l’eau de pluie, une coïncidence intéressante, et la vibrance a changé avec le temps. C’est une couleur précieuse et elle est devenue plus rare car je n’ai pas pu faire un nouveau lot.
La troisième encre a été fabriquée à partir de capuchons de glands de chêne. Thunder Bay se situe à un point de convergence entre la forêt boréale, le lac Supérieur et la forêt de la zone carolinienne. Ici, les chênes ont de minuscules glands de la taille d’un ongle d’auriculaire, ce qui a nécessité un travail méticuleux pour enlever leur capuchon. C’était l’hiver, alors j’ai fait fondre de la neige pour l’encre. |
Enfin, la quatrième encre provenait de la verge d’or et j’ai utilisé l’eau d’un ruisseau.
Mes encres sont assez intimes. Je ne souhaite pas les vendre. Lorsqu’on place l’encre sur le papier, elle réagit et se déplace comme l’eau. Il y a de petits ruisselets, elle se rassemble à certains endroits, puis la couleur change à mesure qu’elle sèche. Il s’agit d’une manière animée d’expérimenter un médium.
Je sais qu’on pense toujours que l’eau est bleue, mais l’eau n’est pas vraiment bleue. Réfléchissez à l’eau à différents moments de la journée, par rapport au soleil ou à la lune, et vous pourrez y voir toutes les couleurs du lac.
Enfin, tout le monde me demande toujours : combien de temps durera cette œuvre d’encre que je fais ? Je m’en fiche franchement. Je me soucie davantage de la façon dont on peut rendre notre planète durable et vivable pour tout le monde partout dans le monde. » .”
Pour écouter la voix de Betty décrivant son art et sa relation avec l’eau, visionnez l’enregistrement ci-dessous (en anglais). Vous l’entendrez également parler de sa carte circulaire des eaux fluviales et lacustres de Thunder Bay, créée en collaboration avec des membres de la communauté. Vous pouvez voir cette œuvre textile sur la photo d’entête de cette histoire et sur ses pages de médias sociaux (FB, IG, TW).
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